Mon mois de la poésie
Mars 2015.
Mon printemps des poètes à moi. 31 jours, 31 poèmes inédits et gratuits. Photo DR
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Un.
Il marche sur la plage
c'est le soir dans la brume de ses cheveux et dans les ressacs qui frappent à la porte du café du Phare
c'est le soir sur Groix ou sur Biarritz
c'est le soir sur Antibes ou sur Genova
c'est le soir chaque seconde qui passe
et qui repasse
et qui repasse
c'est le soir mais il marche sur la plage où résonne la voix étoilée de Christine and the Queens
Il marche comme s'il allait pleuvoir sur la plage
mais il ne pleut jamais que sur la peau des étoiles marines
et encore
Il marche comme s'il fallait s'émouvoir du vent qui l'emportera demain à Sienne ou à Volterra
tous soleils dehors tous soleils offerts à l'appétit du voyageur
c'est le soir chaque seconde qui passe
et il se réjouit que dans une dernière révérence
un enfant ait défié les algues barbares
l'enfant est né pour se rebeller sur le sable encore mouillé de la plage de Groix
ou de Biarritz ou d'Antibes ou de Genova
l'enfant est né pour tracer sur le sable qu'il s'appelle Benjamin Péret
l'enfant est né pour marcher sur la plage et crier qu'il a juré de ne pas manger de ce pain-là.
Deux.
Nuit tombante
les rêves s'affolent et visent d'autres ciels
dans la chambre encore soumise aux ultimes fragrances des luttes fiévreuses
il attend
il sait que la mémoire est un tatouage
demain seront d'autres essences
il attend
il sait que la mémoire est une compagne doucereuse.
Trois.
Gare de Nice
je n'ai pas dormi ou presque dans le train de nuit
j'aime trop la nuit
j'ai écouté la litanie géographique dite par des voix métalliques
un autre train un autre jour une autre nuit
je descendrai à Valence
et j'irai me frotter aux vignes de Crozes-Hermitage
il se trouvera bien des ombres complices pour boire le calice jusqu'à la lie et jusqu'au lit
Gare de Nice
dans le compartiment fatigué
j'ai oublié le livre que tu m'avais prêté
sauf la page 45
sauf la page 66
je les ai apprises par coeur
elles me sont douces et précieuses
j'ai oublié le livre que tu m'avais prêté
sauf la page 45
sauf la page 66
on y lit que le vent caresse la peau des statues qui attendent la pluie dans le parc de l'ancienne abbaye
on y lit que sur ton visage il est un sourire moqueur quand je m'égare sur le chemin de halage qui borde les rives de ton sexe
Gare de Nice
je suis un homme libre qui court vers la Promenade des Anglais et de tous les peuples.