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Mon blog-notes (et celui d'Abysse)
1 octobre 2014

Pour contrer les premiers vagues à l'âme de l'automne, s'offrir demain le dernier Modiano

Le bel été indien qui nous accompagne ces dernières semaines (dans les Ardennes en tout cas) serait-il trompeur ? Dans mon cas, oui. Il masque mais n'efface pas les premiers coups de boutoir du vague à l'âme automnal. Il n'efface pas la réalité des jours qui raccourcissent, des premières brumes et brouillards, des premières publicités pour les vacances de Toussaint.

Je pressens les matins froids et pluvieux, les dimanches en forme de feuilles mortes ramassées à l'appel du vent, les photos de vacances estivales qu'on préservera, telles des reliques enfuies et que l'on ne veut pas enfouies, dans la clé USB ou dans l'album, sur l'étagère de la bibliothèque. Je pressens ces moments de spleen où le rire des enfants qui s'éclaboussent dans le Lot, au pied de Saint-Cirq Lapopie, au mois d'août, résonne comme une sorte de glas glacé qui me prend aux tripes. Où le fumet des apéros et barbecues, sur la terrasse, vient me titiller les sens alors que le pot-au-feu, déjà, a pris ses quartiers sur le piano de la cuisine. Alors que déjà le vin rouge de Bourgogne ou de la Vallée du Rhône a relégué le rosé du Quercy ou du Ventoux sur la table de la salle à manger.

Mais demain, demain jeudi 2 octobre, il est une forme d'antidote qui me consolera. Demain, j'irai acheter le dernier roman de Patrick Modiano, "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier" (Gallimard).

Demain, je me loverai dans l'écriture et les mots simples (faussement simples) de celui que j'accompagne depuis plusieurs décennies déjà dans la quête toujours recommencée de sa propre identité, de ses propres souvenirs. Demain, mes moments de doute se mêleront aux siens, ses hésitations seront miennes, et je slalomerai dans le défilé et dans le bal fantomatique des noms et des visages qui peuplent ses livres, univers cotonneux qui apaise mes propres angoisses et mes propres cicatrices.

Demain, j'achèterai le dernier Modiano.

Et nous serons deux pour guerroyer face à l'automne, nous serons deux à attendre, l'arme au pied et larmes aux yeux que cessent de nous hanter les souvenirs acides. En vain, évidemment. Mais nous serons plus seuls. Nous nous serrerons les coudes et nous marcherons du même pas pour arpenter la Rue des Boutiques obscures, pour déambuler

modiano_pour_que_tu_ne_te_perdes

dans le Quartier perdu, pour tenter de voir les lumières du prochain été, des prochains Dimanches d'oôût scintiller à travers les persiennes de la Villa triste. Au fond, nous avons un même Pedigree.

En bleu, des titres de Modiano, évidemment.

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On peut retrouver un entretien de Patrick Modiano dans Télérama ici.

Et l'excellent site de mon confrère Denis Cosnard, consacré à Patrick Modiano, ici.

 

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