Ces grands électeurs "sans étiquette" qui votent FN aux sénatoriales...

A défaut d'être surpris et bouleversé par les sénatoriales, à défaut d'être surpris et bouleversé par le fait que la chambre dite haute retrouve une majorité de droite au terme d'une parenthèse de trois ans, à défaut d'être surpris et bouleversé - voire choqué _ par cette première, l'élection de deux sénateurs Front National (vu le poids réel de ce parti lors des derniers scrutins, ce n'est pas un scandale, même si l'on n'a aucune sympathie avec cette formation), à défaut de tout ce qui précède, donc, dès dimanche soir, je me suis ému que les chiffres prouvaient que le FN, justement, avait rassemblé des voix bien au delà de ses seuls grands électeurs affichés et cartés (ou ayant publiquement manifesté une certaine empathie pour Mme Le Pen et ses amis).

Et je constate sans me jeter je ne sais quelles fleurs que beaucoup de titres de presse, aujourd'hui, en sont arrivés aux mêmes conclusions : la vraie info, la vraie nouvelle, c'est moins que le Var et les Bouches-du-Rhône, scrutin proportionnel aidant (et bisbilles internes aux partis traditionnels aidant encore plus) aient élu chacun un sénateur d'extrême-droite, que là comme ailleurs, le FN ait ratissé large.

Disons les choses autrement : dans les Ardennes (mon cher département...) et dans la plupart des autres départements, un nombre non négligeable de grands électeurs élus en  mars dernier sur des listes "sans étiquette" voire "apolitiques" ont glissé, en septembre, des bulletins FN dans les urnes...

Impossible de savoir qui, évidemment, et pas si facile de savoir pourquoi.

Reste à se demander quelle leçon en tirer.

Aux citoyens que cela émeut, ou qui ont des doutes, je ne suggère qu'une piste, qu'une solution : demander des comptes à leurs élus municipaux, en tout cas à ceux qui possèdent le statut de grand électeur.

Comme journaliste, j'ai souvent bataillé avec des candidats aux municipales qui étaient gênés qu'on leur attribue une étiquette dans les colonnes du journal.

Soit. Mais aujoud'hui, je me demande si certains d'entre-eux ne sont pas gênés. Car certains de leurs concitoyens qui ne les connaissent pas forcément très bien peuvent se poser cette question : n'ont-ils pas, hier, choisi de facto une drôle d'étiquette ?