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Mon blog-notes (et celui d'Abysse)
21 janvier 2015

Pleure, ô pays bien-aimé !

Voilà que l'on parle d'apartheid en France.

Et pas n'importe qui, puisque c'est le Premier ministre qui a prononcé ce mot. Reprenant un terme déjà utilisé dans un livre qu'il publia il y a dix ans.

C'est bien là le problème. Qu'a-t-il fait, et qu'ont fait tous nos gouvernants depuis dix ans (au moins !) pour lutter contre la précarisation d'une partie de la population ? Contre la ghettoïsation ? Contre le communautarisme ? Contre la montée en puissance d'une pratique de l'islam (et des religions en général) plus rigoriste ? Contre les atteintes répétées à la laïcité ?

Qu'ont-ils fait pour que l'idéal républicain, qu'ils invoquent ces jours derniers comme un leitmotiv, puisse effectivement être un idéal qui puisse fédérer notre jeunesse, alors que tant s'en éloignent, au minimum s'en contrefichent, sans parler des quelques milliers qui ont décidé de prendre les armes pour lui préférer des idéaux de mort ?

Ils ont supprimé des postes de fonctionnaires (notamment dans la police, dans la gendarmerie, l'éducation, l'action sociale...). Ils ont fermé des services publics de proximité. Ils ont baissé ou supprimé des subventions à des associations qui tentaient et tentent encore de prendre la relève, de suppléer le désengagement de l'Etat.

Ils ont investi des milliards, certes, dans les opérations de rénovation urbaine : en avouant parfois que c'était d'abord une façon de soutenir l'activité économique dans le secteur du BTP, en oubliant le plus souvent que rénover ou construire des logements et améliorer la qualité de vie devait obligatoirement s'accompagner d'une politique d'aide aux parents en difficulté dans leur rôle éducatif, d'une politique d'animation culturelle, de loisirs et d'éducation populaire. Liste non exhaustive.

Ils ont aussi, via ou non les collectivités locales, investi des sommes importantes dans ce que l'on appelle la politique de la ville. Je caricaturerais en la qualifiant d'alibi, mais quand même, combien d'actions inscrites dans le cadre de la politique de la ville où il fut question d'organiser des concerts de hip-hop ou des performances de slam, des tournois de futsal, des ateliers d'expression plus ou moins artistique... Autant d'initiatives parfois intéressantes mais consciemment ou non, renforçant ce que l'on peut effectivement appeler une vraie ségrégation culturelle. Dans les centres des villes, les concerts haut de gamme, les expos d'artistes confirmés, les conférences d'auteurs réputés. Dans les quartiers, bah ! Quelques djembés par-ci, quelques sculptures en pâte de sel par-là, ça pouvait suffire !

Sur ce, que dire encore ? Oui, la nature ayant horreur du vide, dans ces quartiers ou zones rurales que des politiques publiques ont désertées ou à tout le moins mal appréhendées, des jeunes ou moins jeunes ont trouvé ailleurs ce que la république ne leur offrait plus.

Mais tout va bien. Déjà, la loi Macron s'apprête à relancer notre économie vacillante en sapant au passage des droits sociaux fondamentaux, et déjà, les négociations sociales Medef-syndicats sont appelées à en remettre une couche dans le détricotage du droit du travail.

Pleure, ô pays bien-aimé. J'ai pleuré et je pleurerai aussi. Debout.

 

 

 

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