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Mon blog-notes (et celui d'Abysse)
19 janvier 2015

Il neige, on dit la France en guerre. Mais ce sont les cantonales de mars qui agitent nos élus...

Il neige de frêles flocons sur Charlestown.

La France vient de connaître quelques jours parmi les plus terribles et remarquables de son histoire contemporaine.

Certains (politiques, éditorialistes, universitaires) affirment même gravement que la France est en guerre.

Des routiers forment des blocus pour protester contre le dumping social et des salaires qui n'augmentent pas.

On continue partout, de Dunkerque à Marseille, de Brest à Strasbourg, à effectuer chaque nuit des maraudes pour éviter que des SDF ne trouvent la mort, mais ce dévouement n'empêche pas hélas des drames ici ou là.

Bref.

Et vous savez ce qui préoccupe une partie des élus ardennais ? Les élections cantonales, pardon, les élections départementales de mars.

J'ai l'air d'ironiser, mais en fin de compte, ce n'est pas le cas. Ils ne sont pas responsables du calendrier, comme ils ne sont pas responsables (et leurs électeurs non plus, évidemment) de devoir s'atteler à un rendez-vous électoral sans que l'on ne sache précisément quelles seront les nouvelles prérogatives et compétences du nouveau conseil général. Pardon, conseil départemental. Si je n'avais une réelle admiration pour André Breton et le surréalisme, j'utiliserais volontiers l'adjectif que vous devinez.

Passons par ailleurs sur un mode de scrutin plus que discutable et un redécoupage qui l'est tout autant (il aurait été si simple de maintenir les cantons en l'état et d'attribuer des coefficients aux élus en fonction de la démographie de leur canton pour que ruraux et urbains soient sur un même pied d'égalité).

Sur ce, au regard des dernières infos détaillées dans la presse locale, sous la plume de mon confrère Guillaume Lévy notamment, je vous livre quelques remarques et réflexions en me concentrant sur Charleville et ses environs, en vous priant d'avance de m'excuser : par souci de simplicité, je nomme toujours les cantons selon leur ancienne appellation (alors que sur le chef-lieu, désormais, il faudrait les nommer par des numéros).

Charleville-centre : C'est le fief du député PS de la Vallée Christophe Léonard, qui avait ravi ce canton détenu jusqu'alors par le centre-droit. Dont l'électorat modéré n'avait peut-être pas été emballé par la candidature de Patrick Fostier, qui ne passe pas pour être le plus... modéré au sein de l'UMP locale. Cette fois, le contexte s'annonce plus délicat pour M. Léonard. Même "frondeur", il reste qu'il le veuille ou non lié à un président et un gouvernement qui, jusqu'aux attentats d'il y a dix jours, battaient des records d'impopularité. L'embellie sondagière de l'éxécutif annoncée aujourd'hui ne devant pas à mon avis résister aux bagarres que va engendrer l'examen de la loi Macron, il va falloir que le candidat PS ratisse très large. Certes, il a dans ce quartier des liens forts (qui datent de la période où il dirigeait le conseil d'habitants). Certes, ce n'est pas non plus le secteur où le FN est le plus à son aise. Mais les élections passées le prouvent : ce canton est conservateur. Mais, car il y a un mais, le député pourrait peut-être tirer profit de la division à droite. On annonce en effet que M. Poletti, jusqu'alors élu d'Omont (un canton qui disparaît) pourrait se lancer dans la course, ce qui gênerait le tandem Chauderlot-Joseph présenté par la majorité. De plus, pour sympathiques qu'ils soient, ces deux adjoints de Boris Ravignon sont marqués à droite. Ce qui n'est pas une infamie mais pourrait gêner cette même partie de l'électorat qui, la dernière fois, n'avait pas voté Fostier. Incontestablement, ce sera là un canton test.

Charleville-La Houillère : C'est logiquement que le maire PS de Nouzonville a décliné l'invitation (le canton de Nouzon étant intégré pour l'essentiel à ce canton). Car que l'on apprécie ou pas son activisme, ses prises de position parfois surjouées, sa façon de se revendiquer divers droite voire apolitique alors qu'il passe son temps à en faire, de la politique, et même politicienne, Pierre Cordier (DVD) est imbattable ou presque. Boris Ravignon lui ayant cédé sa place (il avait promis de quitter le conseil général s'il devenait maire), sauf retournement de conjoncture d'ici mars, l'affaire est pliée. Et même si sa commune - Neufmanil - n'est plus dans ce canton, il a sur Nouzon une réserve suffisante pour réussir. Sur son nom, sur les centaines de personnes qu'il a reçues depuis des années, dont il démêle les dossiers d'aide sociale, de logement, de formation... Car c'est aussi cela, une élection locale.

Mézières Est Ronde Couture : Là encore, un médecin, actuel conseiller général dont le canton va être rayé de la carte, entend se recaser : le centriste Jean-François Leclet. Là encore, un autre centriste a également annoncé son intention de se présenter. Oui mais. Dans ce qui était naguère (jusqu'en mars dernier, en fait) un fief de gauche a priori imprenable, plusieurs éléments sont à prendre en compte. La division à gauche d'abord : le sortant PS Bruno François refuse de faire équipe avec l'ex-adjointe Maryse Florès. Il pourrait donc y avoir deux binômes socialistes (un officiel, l'autre pas). Par ailleurs, c'est aussi le canton de Sylvain Dalla Rosa, le chef de file du PC ardennais et carolo. Il avait réalisé un excellent score en 2008 et avait été à deux doigts de couper l'herbe sur le pied à M. François. Dans son fief, il peut viser un score honorable. A condition qu'une partie de ses fidèles ne rejoignent l'électorat du FN, qui a cartonné ici aux municipales puis aux Européennes. En l'état actuel des choses, un duel PCF-FN pourrait même être envisagé. Mais le paysage peut encore évoluer.

Mézières Centre-Ouest : A 75 ans, Pierre Pandini (DVG) remet ça. Il est élu ici depuis 25  ans. Il profite d'ailleurs d'un énième épisode de la guerre fratricide qui agite le PS ardennais qui 'en finit pas de s'éparpiller façon puzzle (comme ses électeurs d'ailleurs) : Panpan, comme on le surnomme, a comme suppléant l'un des assistants de Christophe Léonard ! On voit mal, pour l'heure, comment le tandem officiel du PS ou celui présenté par la droite pourrait l'inquiéter. Sauf en cas de forte abstention en zone urbaine, laquelle profiterait au FN. Encore que Pierre Pandini connaît toutes les cages d'escalier de Manchester comme sa poche. Il n'y manque aucune assemblée, concours de boule ou enterrement. Même les jeunes le reconnaissent. Lors de la visite de Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, j'avais entendu des ados s'étrangler : "Quoi, M'sieur Pandini a pu rentrer à la réunion avec le ministre ? Il est pourtant adjoint." Adjoint, il ne l'est plus depuis longtemps. Mais l'ancien fidèle de Roger Mas est en terre très connue. Bref, il est vraiment favori.

Villers-Semeuse : La droite semble se satisfaire de la candidature de Jérémy Dupuy, étiqueté divers-gauche, qui a battu l'actuel conseiller général Guy Ferreira aux municipales. Surtout que très habilement, M. Dupy fait équipe avec son homologue de Vivier, étiquetée... divers droite. A part le fait que cela peut alimenter le discours frontiste ("ps, ump, dvg, dvd, tous les mêmes...") voilà un binôme qui semble d'entrée favori. On annonce cependant un autre binôme à droite et, à gauche, une candidature Decobert (PS). Dans le contexte actuel, leur tâche s'annonce ardue.

Reste un point, et pas des moindres. Et c'est là dessus que je souhaite insister. De même que, dans ce département comme ailleurs, les députés ne sont pas seulement les porte-parole de leur circonscription mais détiennent une part de la légitimité nationale (ils sont aussi députés du peuple tout entier), ce qui implique qu'ils aient une certaine vision de la France, de même donc, que les députés, les conseillers généraux (pardon, départementaux) doivent et devront avoir aussi une vraie vision des Ardennes. Ils devront s'intéresser au département dans son ensemble. Ils ne doivent pas seulement être les représentants de leur canton, de leur ville, et défendre simplement les intérêts de leurs électeurs. On a vu dans le passé ce que ça donnait : chaque canton voulait sa piscine, son cosec, son collège, sa zone d'activité, son musée même !

Oui, mesdames et messieurs, ayez aussi une vraie vision, une vraie ambition pour ce département.

C'est pourquoi d'ailleurs je conclus par ce scoop : Abysse, ma chère protégée féline, ne sera pas candidate. Elle n'a pas trouvé d'alter ego à sa hauteur pour former un binôme de poids. "Les matous sont des cons. Ils ne pensent qu'à leur pré carré. A leur zone de chasse. A leur ration de croquettes." Alors qu'Abysse, elle, pensait déjà dévoiler toute une stratégie pour transformer Charleville en Los Angeles of Arden' et la Vallée de la Meuse en French Silicon Valley.

 

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