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Mon blog-notes (et celui d'Abysse)
19 octobre 2014

Nice, son maire, son préfet, ses supporters... Et son journal que ses salariés veulent sauver !

J'aurais souhaité ne pas évoquer longuement la perplexité que m'inspirent les évènements qui se sont produits samedi soir à Nice, où, dès le coup de sifflet final du match opposant Niçois et Bastiais, des incidents graves ont une nouvelle fois terni l'image du foot en général et du foot français en particulier.

Tout cela parce que le préfet des Alpes Maritimes avait interdit la présence de supporters venus de Corse et surtout, plus étonnant, de tout signe ostentatoire (genre drapeau à tête de Maure !). L'homme s'est dit navré d'en être conduit à prendre ce genre de décision, et de devoir mobilier autant de forces de l'ordre pour une rencontre sportive. Ce qui n'a pas empêché les incidents : à la fin du match, donc, un remplaçant bastiais d'autant plus excité que les Insulaires venaient de gagner 1 à 0 s'est précipité sur la pelouse pour aller exhiber un drapeau corse. D'où la réaction de spectateurs niçois qui ont envahi la pelouse pour une sorte de bagarre générale affligeante.

Le préfet des Alpes Martimes, Adolphe Colrat, je le connais un peu. Il a été en poste dans les Ardennes il y a une dizaine d'années. Nous avions des relations cordiales. Il était (et doit toujours l'être) féru de poésie. Ancien de Normale Sup, il citait volontiers Rimbaud par coeur dans les discours officiels. Je lui avais parlé de mes propres poèmes et les lui avais donné à lire, qu'il avait dit apprécier. Accessoirement, à l'époque, c'est lui qui signa l'arrêté de constitution de l'agglomération de Charleville.

Il est aujourd'hui décrié. Non seulement pour sa décision discutable concernant les drapeaux corses. Mais aussi pour avoir émis quelques réserves sur la bonne volonté du maire de Nice à appliquer la réforme des rythmes scolaires ! Du coup, l'ineffable Christian Estrosi demande tout bonnement sa tête ! Comme sous l'ancien régime. Le député-maire de Nice surnommé Bac Moins 5 n'en est pas à sa première sortie affligeante me direz-vous. Certes. Mais c'est précisément quand on voit ce que font des élus comme lui ou son collègue Ciotti (et d'autres à gauche ne valent pas mieux) qu'on a quelque doute sur les bienfaits de la décentralisation...

J'ignore ce que pense de tout cela l'excellent écrivain et grand amateur de foot Bernard Morlino, lui qui avait un tel amour pour le stade du Ray, désormais remplacé par un joli stade, soit, mais d'une facture architecturale passe-partout, et que l'on pourrait situer partout ailleurs dans l'hexagone. Fini l'exotisme !

Mais puisque l'on est à Nice, permettez que je redise mon voeu que le tribunal de commerce local attribue au projet de coopérative des salariés la reprise du journal Nice-Matin (voir aussi ce post précédent ici). Verdict dans quelques jours. A ce sujet, comment ne pas dire mon amusement désabusé de voir, régulièrement, les grands spécialistes de la presse se pencher sur les difficultés de la presse régionale. Des experts qui disent tout et son contraire, donnent des conseils à tours de bras, et n'ont jamais pour la plupart assisté à la moindre assemblée générale de pétanque dans un chef-lieu de canton pour savoir à quel point il est difficile, toujours plus difficile, de pratiquer le journalisme de proximité. Citons Antoine de Tarlé, ancien dirigeant de Ouest France qui tient un blog en anglais, sans doute pour faire plus crédible. Ou le sociologue des médias (sic) Jean-Marie Charon. Tous ne jurent que par le numérique pour endiguer la chute des ventes papier, tous dénoncent ici le poids des archaïsmes (on appelle cela pourtant... des salariés !), là l'héritage de patrons rétrogrades (que pour certains, ils servirent avec zèle). Sans livrer de recette. Car non seulement notre bon peuple lit de moins en moins les journaux version papier, mais il n'est pas près à payer le moindre euro ou centime d'euro pour lire des infos locales sur Internet (et pour cause, sur ce support, pendant des années, on lui a offert ces infos gratuitement !). Reste une question : et si le désintérêt de la population envers l'actu locale voire hyper-locale n'était pas aussi à mettre en parallèle avec le désintérêt de cette population envers la vie locale en général (voir les taux de participation aux élections, et les rangs clairsemés aux réunions de quartier qu'organsient nos édiles). Sauf si un projet d'autoroute concerne leur village, l'instauration d'horodateurs leur  quartier, de plus en plus, les gens  se replient. S'ignorent. Ils vont appeler dix fois la rédaction pour que soit publiée la photo de leur gamin arrivé troisième au cross de l'école Dupont. Mais le lendemain, pas question d'acheter le journal (papier ou internet) pour avoir les résultats du cross de l'école Durant.

Bref. Puisque les grands groupes et les grands spécialistes se plantent depuis des décennies, donnons leur chance aux salariés de Nice-Matin ! Ils ont construit un projet, ils ont aussi l'intention de ne pas considérer la masse salariale comme une variable d'ajustement. Et ils semblent être convaincus que si un effort doit être porté sur le numérique, c'est bien le papier qui constitue toujours l'essentiel du chiffre d'affaires.

Une petite vidéo pour finir. Et pour sourire. Je ne m'en lasse pas. Elle concerne l'OM et son entraîneur. Non seulement Marseille possède maintenant avec le nouveau Vélodrome sans doute le plus beau stade, actuellement l'équipe la plus performante, mais en plus, avec Bielsa, on ne s'ennuit vraiment pas ! A voir ici.

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