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Mon blog-notes (et celui d'Abysse)
9 août 2014

Les salariés de Nice-Matin veulent reprendre leur journal : honni soit qui mal y pense !

En redressement judiciaire au terme d'un épuisant feuilleton, Nice-Matin devrait connaître à la rentrée le nom de son repreneur.

Parmi les candidats, aux côtés de plusieurs investisseurs locaux, de groupes déjà présents dans le paysage de la presse quotidienne régionale française (tel Rossel, propriétaire de La Voix du Nord et depuis 2013 de L'Union et L'Ardennais), un projet de scop présenté par les salariés eux-mêmes qui ont réuni un tour de table de plusieurs millions et ont réussi un joli coup de com' pour attirer l'attention. Ils ont initié une opération de financement participatif ouvert à madame et monsieur tout-le-monde via Internet (en terme chébran anglicisé, appelez ça le crowdfunding).

Et ça a marché : à ce jour, ils ont déjà levé plus de 150 000 euros et toute la presse (télé, radio, papier) en parle. De cet appel comme, surtout, de leur projet de reprise, qui a l'intérêt d'être moins cinglant et sanglant en terme de suppressions d'emplois. Car c'est moins la somme réunie via Ulule (voir lien en bas de message) qui importe (je crois), vu le budget nécessaire, que de mettre en avant ce projet alternatif.

Les politiques (qui ne sont jamais en vacances) ont mordu à l'hameçon. Parmi lesquels Duflot, NKM et bien sûr Estrosi, député-maire de Nice (et gros annonceur local). Des élus plus discrets quand ils sont aux affaires pour mettre de l'ordre dans les aides à la presse et encourager les projets de reprise via des coopératives... Des élus attachés à la liberté de la presse et à sa bonne santé surtout quand ils attendent que cette même presse leur renvoie l'ascenseur à défaut de quoi ils enragent contre les journalistes aux ordres (du grand capital, de la pensée unique, de l'idééologie post-soixante-huitarde, c'est selon, et la liste est surtout non-exhaustive !).

Je suis évidemment solidaire des salariés de Nice-Matin, et épaté par leur énergie. Leur journal est le dernier avatar en métropole du Groupe Hersant Média, dirigé par l'exilé fiscal Philippe Hersant. Un groupe et un patron qui ont bénéficié de la mansuétude des gouvernements successifs de droite et de gauche, réussissant à convaincre les banques d'effacer des centaines de millions de dettes (via un hasardeux et temporaire mariage avec Bernard Tapie !).

Un groupe dont je fus salarié et qui a été victime (ses salariés, surtout !) d'un terrible aveuglement de ses dirigeants. Propriétaire de Paru-Vendu et de la Comareg, formidables machines à cash, ils n'ont pas anticipé le transfert vers Internet du marché de la petite annonce entre particuliers puis de la pub locale. L'argent rentrait et les bénéfices explosaient, pourquoi aurait-il fallu s'inquiéter ? Au plus fort de cette belle période, on acheta donc, il y a moins dix ans, les titres prestigieux du Midi (à Nice et Marseille). Puis la catastrophe arriva. Le Bon Coin renvoya Paru Vendu au rayon des antiquités. La Comareg fut liquidée (plusieurs milliers de licenciements) puis le groupe de presse payante démantelé.

Si, à ce jour, l'ensemble de la presse écrite (notamment quotidienne) continue de chercher un nouveau modèle économique pérenne entre papier et numérique, chez Hersant, face à cette mutation, à l'interrogation et à l'expectative des acteurs du secteur (dirigeants comme salariés), on ajouta cynisme, désinvolture, aveuglement...

Bref. Y'aurait tant à dire.

Les salariés de Nice-Matin ont décidé d'agir. On doit les soutenir. Sans être dupes des duperies des politiques. Sans ignorer que le défi n'est pas mince (il faut restructurer, bâtir un nouveau projet, reconquérir lectorat et crédibilité etc.). Mais ce défi est noble.

Pour faire un don, c'est ici : http://fr.ulule.com/sauvons-nicematin/

PS 1 : pardon pour le titre de ce message, mais le jeu de mots est si tentant...

PS 2 : un autre jour, je vous dirai quelques-uns de mes souvenirs niçois (où j'ai de la famille et où j'ai souvent passé mes vacances, enfant puis adolescent). Je vous dirai la beauté du vieux Nice, le parfum des beignets de fleurs de courgettes et celui de la socca (arrosée de rosé bien frais), ou encore le charme inégalé des ruelles de Saint-Paul, de la pinède qui entoure la fondation Maeght, l'incroyable majesté du point de vue qui vous attend au pied du phare de la Garoupe sur le cap d'Antibes ou enfin le plaisir simple de boire un café, sur le front de mer, au Cros de Cagnes...

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