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Mon blog-notes (et celui d'Abysse)
28 juillet 2014

Charleville : il faut sauver le soldat "Olympique", le club de Darui et Herrera

Abysse elle-même en est décontenancée. Car ma protégée féline est tout comme moi passionnée de football. Or, une douche froide nous a rincés quelques jours seulement après la finale d'une des plus belles coupes du monde de l'histoire ! A mon retour d'une courte escapade dans le Lot, j'ai appris en effet que l'Olympique de Charleville (Ardennes) était une nouvelle fois menacé de mort.

Le club vient d'être condamné à verser 60 000 euros à un ancien entraîneur en charge des équipes de jeunes. Je ne connais pas le dossier, je ne commenterai donc pas cette décision de justice. Ce qui est patent en revanche, c'est que la somme, qui pourrait sembler dérisoire en ces temps de foot-business, représente la moitié du budget de l'Olympique, qui évolue désormais en DH (l'élite... régionale). Le dépôt de bilan est évoqué. L'affaire est résumée ainsi dans le quotidien local, à lire ici.

Comme journaliste sportif, j'ai suivi l'Olympique de Charleville dans les années 90, notamment lors de ses cinq dernières saisons en D2 sous la houlette alors de Lucien Pinel (président) et Moussa Bezaz (entraîneur). Puis le traumatisme d'une liquidation à l'entame de la saison 97-98, en National, le club n'ayant pu être repêché pour cause de décision de la DNCG (qui a préféré Troyes cette année-là, allez savoir pourquoi ! Moi, j'ai quelque idée, mais bon...).

Ces années-là, on vit Marseille ou Saint-Etienne au Petit-Bois, on vécut une belle aventure humaine et sportive. Et la concurrence avec Sedan, évidemment. Avant la DNCG, l'intelligentsia ardennaise avait d'ailleurs tranché : le foot à Sedan, le basket à Charleville. Point barre.

Pourtant, Charleville mérite une belle équipe, un beau club de foot. Au moins de niveau CFA.

Il y a un joli stade (parfaitement adapté à cet échelon de la hiérarchie), un stade qui est d'ailleurs d'une réelle qualité architecturale (typique de l'entre-deux-guerres, avec ses bas reliefs et ses grilles en fer forgé). Il y a un vrai complexe d'entraînement. Il y a un bassin de population. Il y a des centaines de jeunes qui aiment ce sport.

Un certain 3 mai 1936

Il y a l'histoire, enfin.

On l'oublie trop souvent : Charleville fut le premier club pro des Ardennes de 35 à 39 (via une sorte de partenariat très novateur pour l'époque avec Sochaux), se hissant même en finale de la coupe de France en 1936 (la finale eut lieu le 3 mai, coincidant avec le second tour des législatives qui amenèrent le Front Pop au pouvoir ! Ce qui expliqua quelques taux d'abstention, dit-on, dans le département...). Pensionnaire de D2, Charleville échoua devant le Racing 1-0.

Deux joueurs de légende portaient alors les couleurs carolos : le gardien Julien Darui (sa bio sur Wikipédia ici) et le défenseur Helenio Herrera (lire ici). Celui-ci eut un rôle majeur dans l'histoire du football du XXe siècle quand, devenu entraîneur (à Milan puis à Bercelone), il fut selon les uns le maître à penser du "catenaccio" (ou le béton), selon les autres l'inventeur de la défense moderne (avec un libéro et des arrières latéraux prompts à s'engager dans les couloirs). D'après la presse de l'époque, le déjà très charismatique Herrera avait marqué de son sceau le style de l'Olympique de Charleville, très efficace en défense et redoutable en contre-attaque.

Les politiques doivent agir

Non, l'Olympique ne doit pas mourir, riche de cette histoire.

Que faire ? Une énième souscription, un énième appel aux quelques mécènes et entrepreneurs locaux ? Oui, sans doute. Pour éviter le pire. Pourquoi ne pas organiser aussi un match de gala ou une manifestation du même genre. Mais il faut aussi que les politiques mettent leur grain de sel.

Charleville-Mézières et sa périphérie n'ont pas, n'ont plus les moyens d'avoir plusieurs clubs dont l'équipe senior évolue et végète au niveau régional. S'il est légitime que chaque localité ou quartier ait un club accueillant des jeunes, Charleville et sa couronne ne doivent compter qu'une seule équipe phare qui puisse concentrer les forces et soutiens, et réunisse les meilleurs dirigeants et joueurs. Cela évitera par ailleurs de disperser les subventions et investissements... Tant pis pour l'esprit de clocher. Mais n'en déplaise, avoir un beau club de foot à Charlestown sera tout aussi efficace et intéressant en terme de com' pour la ville et son agglo que des clubs de basket pros certes performants mais ce sport, médiatiquement, ne pèse hélas pas grand chose... Lisez L'Equipe le lundi et comptez les lignes consacrées à la Pro B ou au basket féminin. Simple constat.

On peut lire ici une belle évocation de la finale de 36 sur le site om4ever.

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