Charleville : 2.000 personnes ont dit "Nous sommes Charlie"

Une pluie soutenue, un air frais, mais il en aurait fallu davantage pour dissuader les Ardennais de s'associer au sursaut national qui répond à l'attentat horrible de mercredi.

Quelque 2.000 personnes se sont rassemblées ce jeudi midi place Ducale, à Charleville-Mézières. Des élus, des syndicalistes, des militants de tous bords, et surtout, des citoyens, tout simplement, et beaucoup de jeunes.

Une fois le célèbre air du Chant du Départ de Méhul (né à Givet, au nord du département) égrené par le carillon du beffroi de la mairie, un long silence a comme figé et les âmes, et les coeurs, et les pierres de la célèbre place.

Puis, au milieu des pancartes brandies affirmant haut et fort "Je suis Charlie", puisque c'est au au nom du Syndicat national des journalistes (SNJ) que j'avait appelé à cette mobilisation, j'ai lu ce texte, au nom des journalistes, au nom de tous les citoyens :

"Ici à Charleville, cité natale d'un homme libre, Arthur Rimbaud...

Ici, dans les Ardennes, qui ont payé un si lourd tribut dans le passé, victimes d'autres formes de barbarie...

Nous sommes debout, réunis, dignes, dans le respect des valeurs de la République...

Nous rendons hommage aux victimes de l'attentat perpétré hier à Paris dans et devant les locaux du journal Charlie Hebdo...

Nous disons notre attachement viscéral à la liberté de la presse...

En France, et partout dans le monde...

Nous disons notre résolution, comme journalistes, à continuer sans relâche à faire notre métier, librement : informer, rendre compte, commenter, ironiser...

Nous disons comme citoyens notre refus des idéaux de mort et des idéaux de haine, d'où qu'ils viennent, quels que soient leurs visages...

Nous disons notre volonté de toujours vivre ensemble dans le respect de la devise de la république, librement, également, fraternellement...

Nous tendons la main à ceux qui sont perdus et qui peuvent être tentés par la haine ou le repli : nous leur disons que c'est dans les valeurs de la république qu'ils doivent se reconnaître et nous avons le devoir de les aider dans cette démarche...

C'est pour cela, c'est à cause de cela que nos amis et concitoyens, journalistes, employés, dessinateurs, policiers sont morts hier à Paris.

C'est pour cela que nous sommes là, ce jeudi, rassemblés.

NOUS SOMMES TOUS DES CHARLIE !"

Membre du comité national du Syndicat National des Journalistes, membre de la Commission de la carte d'identité des journalistes professionnels, je remercie l'ensemble des élus, militants et citoyens qui ont écouté et adhéré à ces propos (et qui avaient depuis la veille relayé cet appel au rassemblement). Et qui ont naturellement accepté, dans ce rassemblement improvisé, que soit là la seule prise de parole.

Quelques minutes plus tard, la foule a entonné la Marseillaise.

Actuellement journaliste indépendant après avoir quitté L'Union-L'Ardennais, je n'ai jamais été aussi fier d'être journaliste professionnel.

Les temps qui viennent ne seront pas simples. Les discours de haine et d'exclusion vont se multiplier. Mais nous sommes plus forts.

Nous devons conserver ce même état d'esprit. Nous devons rester debout et libres.

Et mercredi prochain, n'oublions pas d'acheter Charlie !

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PHOTO : compte Twitter Claude Lambert

Communiqués du SNJ national à lire ici et de la Commission de la carte d'identité des journalistes professionnels à lire ici.