Je suis naïf : je croyais que la fonction première des députés était de voter les lois

Aucun député ardennais hier dans l'hémicycle au moment du vote (le dernier) de la nouvelle réforme territoriale dont l'un des chapitres majeurs est de réduire à 13 le nombre de régions, avec parmi elles l'Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne...

C'est pourtant la fonction première des députés que de voter les lois. Et ce faisant, parallèlement, de contrôler voire de censurer le gouvernement.

Mais ni le seul député PS de la région (actuelle), Christophe Léonard, ni les deux députés UMP Bérengère Poletti et Jean-Luc Warsmann n'ont donc jugé utile d'être présents hier soir.

Je sais bien : au fil du temps, bien d'autres missions se sont ajoutées "au travail du législateur", à Paris comme dans les circonscriptions, où les parlementaires sont devenus des référents, des assistantes et assistants sociaux, des recours, des facilitateurs, des hommes et femmes à tout faire que leurs électeurs viennent solliciter pour obtenir un logement social, un coup de pouce, une subvention, un stage. Sans parler du cumul des mandats...

Enfin bref.

Sans verser dans un anti-parlementarisme primaire dont je sais les dangers, ce constat m'attriste.

Car cette affaire des nouvelles régions me laisse perplexe. J'ai quelque mal à être convaincu, pour l'heure, que ces mariages forcés qui ne reposent que très partiellement sur des logiques territoriales vont accoucher de collectivités performantes, même si les compétences des nouvelles régions en question seront mieux définies.

Attention : je suis tout autant attristé d'entendre les arguments et les slogans qui fleurissent en Alsace. Etre dubitatif est une chose, mettre au jour à cette occasion des revendications identitaires fleurant l'obscurantisme (je suis poli) en est une autre. Vive l'Alsace libre, ai-je ainsi entendu. Moi qui suis fils d'Ardennais et de Mosellane, je rappelle à certains que l'Alsace et la Moselle, et leurs habitants, d'abord et surtout,  n'ont jamais été aussi libres que lorsqu'ils ont été français.

Autre aspect de cette loi, le nouveau mode de scrutin des élections départementales (fixées fin mars, déjà), une plaisanterie absolue (des binômes hommes-femmes), sans que l'on sache d'ailleurs quelles seront les compétences et plus largement le devenir des nouveaux conseils dépoartementaux !

Mais la politique est ainsi : ceux qui crient au scandale en évoquant cette réforme sont aussi les premiers à se déclarer candidats !

Je vous laisse : j'ai le déjeuner à préparer. Quiche lorraine en entrée avec un Sylvaner, boudin blanc de Rethel aux pommes de Tourteron (avec un Bouzy rouge), plateau de fromages variés (Rocroi, Chaource, Munster), kouglof (arrosé au champagne). Et au moment du café, quelques biscuits roses de Reims. Pour le digestif, je m'en remets volontiers à une fine mirabelle...

Je suis dubitatif, mais j'ai le sens du consensus. Ce ne sont pas des contrepèteries...