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Mon blog-notes (et celui d'Abysse)
25 août 2014

Remaniement : Victor Hugo avait déjà tout écrit, des "ministres intègres" à "l'état indigent"...

C'est la logique de la Ve République, et c'est même la logique tout court en politique : s'il est normal qu'il y ait des débats au sein d'une majorité, ça l'est moins que ces débats aient lieu sur la place publique, et ça l'est encore moins que ces débats aient lieu aussi au sein du gouvernement.

Sans forcément être convaincu par la pertinence des choix de ceux qui nous gouvernent (en matière de politique économique notamment, mais aussi sur d'autres points, comme la façon dont s'est engagée la réforme territoriale), à l'Elysée ou à Matignon, je comprends donc que les coups de tonnerre de Bresse dimanche soir aient accouché au (petit) raz-de-marée de ce lundi matin.

Sur ce, j'ai un regret : que ces événements n'aient pas permis de donner tout le relief escompté à l'hommage rendu aux résistants (anonymes et humbles)  de la première heure de l'Ile de Sein, quand tant de résistants de la dernière heure purent et surent des décennies durant, à droite comme à gauche, tenir le haut du pavé.

Sur ce, j'ai aussi un doute sur la sincérité de nombre de ministre (ex ou futurs), d'élus et d'observateurs de tous horizons qui font mine de découvrir en 2014 que François Hollande a toujours été un social-démocrate et Manuel Valls un social-libéral.

Sur ce, j'ai encore un doute sur l'éventualité d'élections anticipées : le député des Ardennes Christophe Léonard, l'un des députés frondeurs du PS l'a d'ailleurs lui-même avoué. Retourner aux urnes, ce serait pour le PS prendre le risque d'une claque égale à celle de 1993 !

Bref, d'ici quelques jours, je pense que l'on s'en tiendra à un "tout ça pour ça" déjà entendu et lu bien des fois.

Mais ma chère protégée féline Abysse, qui connaît ses classiques (souvent mieux que moi), me suggère avec raison de relire Victor Hugo. C'est la fameuse tirade de Ruy Blas. Bonne lecture.

RUY BLAS - Acte III - Scène II

Victor_hugo

Ruy Blas, survenant.     Bon appétit, messieurs ! –

Tous se retournent. Silence de surprise et  d'inquiétude. Ruy Blas se couvre, croise les bras, et poursuit en les regardant  en face.

Ô ministres intègres ! Conseillers vertueux ! Voilà votre façon De servir, serviteurs qui pillez la maison ! Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure, L'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure ! Donc vous n'avez ici pas d'autres intérêts Que remplir votre poche et vous enfuir après ! Soyez flétris, devant votre pays qui tombe, Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe ! – Mais voyez, regardez, ayez quelque pudeur. L'Espagne et sa vertu, l'Espagne et sa grandeur, Tout s'en va.

(...)

 Quel remède à cela ? – l'état est indigent, L'état est épuisé de troupes et d'argent ; Nous avons sur la mer, où Dieu met ses colères, Perdu trois cents vaisseaux, sans compter les galères. Et vous osez ! ... – messieurs, en vingt ans, songez-y, Le peuple, – j'en ai fait le compte, et c'est ainsi ! – Portant sa charge énorme et sous laquelle il ploie, Pour vous, pour vos plaisirs, pour vos filles de joie, Le peuple misérable, et qu'on pressure encor, À sué quatre cent trente millions d'or ! Et ce n'est pas assez ! Et vous voulez, mes maîtres ! ... – Ah ! J'ai honte pour vous ! – au dedans, routiers, reîtres, Vont battant le pays et brûlant la moisson. L'escopette est braquée au coin de tout buisson...

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