Garde des sots, Abysse non plus ne chante la Marseillaise

Taubira et Nasri, même combat ? Je m’explique.

On est évidement d’accord : si on peut justifier le fait de préférer se recueillir en silence au lieu d’entonner un chant, même s’il s‘agit de l’hymne national, Christiane Taubira aurait pu s’abstenir d’évoquer je ne sais quel « karaoké d’estrade ». C’est idiot. C’est blessant pour celles et ceux qui sont attachés à ce symbole pour lequel ils ont parfois risqué leur vie. Sur ce, force est aussi de constater que n’importe quel autre ministre ou élu de la République aurait agi de la sorte, nul n’aurait sorti la grosse artillerie. Mais voilà, c’est Taubira. Elle n’est pas blanche. Et elle a défendu le mariage homo. Du coup, et il suffit de lire les commentaires qui suivent certains articles de presse en ligne (c’est pourquoi, soit dit en passant, ayant assez transpiré et pesté en lisant ceux qui accompagnaient mes propres papiers quand j’étais à L’Ardennais, j’ai supprimé cette fonction sur ce blog _ mais vous pouvez m’envoyer un mail _), elle est la cible toute désignée des redresseurs de torts les plus tordus, des néo-résistants de la dernière heure, des fronts bas, des pisse-froid ou pisse-vinaigre.

On est d’accord. Samir Nasri est peut-être un sale gosse qui passé trop vite de l’adolescence à l’âge adulte, propulsé de l’ombre à la lumière, n’a pas forcément reçu une bonne éducation. Il ne devrait pas s’en prendre aux journalistes qui l’égratignent (et en tout cas ne pas les insulter). Il ne devrait pas jouer les cadors. Mais au regard de saison en Angleterre, de son talent, comment justifier qu’il ne figure sans doute pas dans la liste de Didier Deschamps pour le  Brésil ? Victime du politiquement correct, là encore. La proie est idéale : mal conseillé ou entouré d’agents qui pensent surtout au pourcentage qu’ils se feront sur les transferts de leur client, nanti d’une culture générale acquise davantage en regardant des DVD ou TF1 qu’en fréquentant les bancs du lycée ou de la fac, millionnaire à un âge où d’autres multiplient les p’tits boulots pour poursuivre leurs études, il s’appelle Samir Nasri. C’est dommage. Mais du coup, si l’on pardonne à d’autres d’oublier de demander ses papiers à une call girl aérodynamique, si l’on pardonne à d’autres de tourner la tête pour éviter de signer des autographes à la sortie du stade (scène vécue), à lui, on ne ne fera pas de cadeau. Alors qu'il suffirait d'un peu de poigne pour le manager et le le faire marcher droit...

Voilà pour aujourd’hui. Ma chère Abysse, garde des sots à sa manière, qui préfère la version reggae de la Marseillaise, est pour une fois d’accord avec moi.

Deux ultimes remarques quand même.
1. Quand Gainsbourg acheta le manuscrit de Rouget de Lisle, quelque temps après avoir fait face à des paras, à Strasbourg, auxquels il cloua le béret en entonnant a capela la Marseillaise le poing levé, à sa grande surprise, il constata que l’auteur lui-même, pour ne pas réécrire chaque refrain, avait mentionné : « Aux armes, etc. »

2. Christiane Taubira aurait pu penser à ces centaines de candidats à la naturalisation auxquels on impose des questionnaires pour savoir s’ils méritent d’être Français. Connaître l’hymne national fait partie des exercices imposés. Pas sûr qu’ils aient l’impression, eux, de participer à un aimable karaoké.