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Mon blog-notes (et celui d'Abysse)
31 mars 2014

Municipales à Charleville : ce qu'on en pense, Abysse et moi

A Charleville-Mézières, la messe était dite dès le premier tour. Les raisons de cette « bascule » historique sont nombreuses, mais par facilité (disons même « paresse »), je ne vais pas les énoncer dans un ordre relevant de je ne sais quel critère. Et bien malin qui pourrait le faire à mon avis.

  • L'effet national (vote sanction à l'égard de la politique menée par François Hollande et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault). Cela a joué, ici comme ailleurs. Mais n'explique pas l'écart très important entre le vainqueur et le vaincu. Plus qu'un vote sanction d'ailleurs, il vaudrait mieux parler de non vote : l'abstention a battu des records dans les fiefs de la gauche... Alors que l'électorat conservateur s'est mobilisé, ce qui était attendu.

  • Le « Ledouxbashing ». Pardon pour ce néologisme anglicisant. Que Claudine Ledoux ait souhaité ne pas solliciter de troisième mandat n'a rien d'extraordinaire. Mais il y a eu un effet de timing (encore un anglicisme !) désastreux. Ou bien il fallait assumer le mandat jusqu'au bout, ce qui aurait permis à Philippe Pailla d'entamer sa campagne plus tôt. Ou bien il fallait passer le témoin dès les législatives perdues, avant ou juste après l'été 2012. A cela s'est ajoutée l'incompréhension de la nomination elle-même au poste d'ambassadrice de France. A tort ou à raison, cela a été ressenti comme un cadeau de Laurent Fabius, et une forme d'abandon (de sa ville) pour une formidable sinécure. Sans compter les commentaires sur la rétribution de la fonction en question, qui se sont poursuivis durant la campagne par la polémique sur les indemnités du maire et président de l'agglo.

  • Une campagne ratée (par la gauche) et réussie (par la droite) : tardive, peu dynamique, peu unitaire (y compris en terme d'affichage), la campagne de la liste Pailla a semblé ronronner. Inaugurer une aire de jeux ou un chantier ne remplace pas un travail de terrain long de près d'un an, un porte-à-porte systématique, une omniprésence sur tous les dossiers (Deville, RDTA on en passe). Sur ce point, évidemment, la campagne de la liste Ravignon fut un modèle du genre. Tracts ciblés (parfois à destination des riverains d'une seule rue), réunions de proximité, thématiques ou géographiques, hyper présence aussi sur les réseaux sociaux, rien n'a été laissé au hasard. Sans compter une personnalisation du scrutin comme jamais : s'il a martelé conduire une équipe, M. Ravignon est devenu « Boris », avec une aisance qui rappelait le « Roger » de jadis. Débarrassé de son CV pourtant encombrant ou qui aurait pu être considéré comme tel (conseiller de Nicolas Sarkozy pendant des années), il est apparu comme neuf, jeune (il l'est, mais plus en politique), sans manières (port du jean quasi permanent). Perçu comme un homme de dossiers (ce qu'il est) plus qu'un homme de contact (ce qu'il est peut-être voire certainement, mais il n'a pas eu le temps de le démontrer), Philippe Pailla est alors apparu à tort ou à raison plus distant. Un dernier mot sur les slogans : le « Rassembler et ressembler » n'était pas génial ; mais le « J'aime ma ville » puis le « Bâtir ensemble » furent également peu grisants. Voire problématiques : le terme « bâtir » alors qu'on est sortant, ça questionne...

  • L'entre-deux-tours. Sonné, Philippe Pailla a débuté réellement sa campagne au soir du premier tour. Trop tard. Pourtant, même discutables parfois (c'est normal !), ses arguments, son ton, son énergie, son agressivité furent alors en phase avec l'enjeu. Mais c'était donc déjà joué. L'heure n'était plus aux propositions de dernière minute ou aux attaques contre le conseiller de Sarkozy.

 Sur ce, le plus commence pour les vainqueurs. Dimanche soir, salle de Nevers où sont centralisés les résultats de la ville, Abysse a entendu un citoyen remarquer sous couvert d'anonymat (lol) que ne pas gagner cette fois-ci, vu le contexte national, et en ayant promis des baisses d'impôts et des créations d'emplois à tout va, une éradication de la délinquance, du stationnement gratuit, un campus universitaire (on en passe), c'eût été... à désespérer... Le plus dur commence donc pour les vainqueurs : il va falloir tenir ses promesses. Et pour les vaincus. Endossant un rôle d'opposants qui leur est inhabituel, ils vont très vite être dans le bain. Dans un contexte difficile, il leur faut rester audibles. La première réaction de Philippe Pailla dimanche soir fut un premier jalon, posé avec dignité.

Un dernier mot sur le FN ? Non. Pas la peine. Un regain économique, une déghettoïsation des quartiers, ce sont là les antidotes... Le reflux des démagos qui surfent sur la désespérance et la peur, qui misent sur le repli sur soi et le rejet des autres, des différents, il passe par des actes politiques forts. Pas par les mots. En tout cas pas seulement, ça se saurait.

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