Les Hauts-Buttés (Ardennes) : un Balcon en forêt gourmand, littéraire et historique

  Si je dois quitter un jour les Ardennes, peut-être d'ailleurs pour avoir le plaisir de mieux y revenir, ne serait-ce que ponctuellement, il y a un lieu, au moins un, que je suis certain de ne pouvoir retrouver ailleurs, tant il est chargé d'émotion(s), d'histoire, de beauté. Outre Sedan (MA ville, celle de ma jeunesse, de mon adolescence), outre Givonne, évidemment, la terre ancestrale. Ce lieu, c'est le hameau des Hauts-Buttés, petit paradis à la croisée de la forêt et de la Meuse, enclave écologique des fagnes, miracle naturel. Un territoire restreint mais riche, unique.

Hier dimanche, j'y ai découvert le Balcon en forêt, jolie auberge en osmose avec cet environnement étonnant. Menu unique mais savoureux, prix doux (18 euros !), cuisine du terroir avec des excellents produits maison, carte des vins de bon aloi, service très aimable.

C'est ouvert depuis l'été dernier, et les patrons méritent d'être encouragés.

Ils ont évidemment choisi le nom de l'établissement en hommage à l'oeuvre de Julien Gracq, auteur du roman éponyme et qui a magnifié et la forêt d'Ardenne et ce hameau magique. N'en déplaise aux Ardennais qui ne voient pas plus loin que l'horizon de leur beuquette (et je ne dis pas ça pour persifler mon ami Yanny Hureaux), le Balcon en forêt est le plus beau livre jamais écrit sur les Ardennes, et tant pis si c'est un homme de la Loire qui en est l'auteur, et tant pis si le premier sujet de ce livre est la Drôle de guerre, l'attente troublante de la catastrophe de mai 40 dans une maison forte... Mais ce n'est pas un hasard si Gracq, l'un des plus grands écrivains français du XXe siècle, a situé son récit dans le triangle Monthermé-Revin-Thilay, au centre duquel la clairière des Hauts-Buttés abrite la belle Mona... Géographe de formation, Gracq a tout de suite mesuré la beauté et la grandeur de l'endroit (il effectua un court repérage avant l'écriture du Balcon en forêt, puis revint quelques années plus tard, toujours émerveillé, voire envoûté).

En bas de page, je vous glisserai quelques références internet...

Si, comme je l'espère, vous décidez de lire ou relire le roman de Gracq (toujours disponible chez José Corti, à défaut de l'être en poche, puisque celui qui refusa le Goncourt refusa aussi d'être réduit en petit format !), si comme je le vous conseille vivement vous allez déjeuner ou boire un verre à l'auberge du Balcon, n'oubliez pas de visiter l'église dédiée à Saint-Antoine. Il n'y a pas d'autre exemple dans le département d'église ornée d'autant d'ex-voto : ils couvrent tous les murs et même les piliers. Et ensuite, poussez évidemment jusqu'aux Vieux Moulins de Thilay. Autres beautés, autres magies... C'est une des capitales de la résistance ardennaise. J'y ai vécu l'un des moments les plus forts de ma vie professionnelle, quand fut inaugurée la place Marguerite-Fontaine. Les larmes me sont venues presque naturellement quand un ancien du maquis, rendant hommage à celle qui recueillit tant de soldats et de héros de l'ombre, eut cette simple formule : "Elle nous donnait à manger, nous habillait, nous souriait. C'était notre maman..."

Quelques liens

L'auberge : http://www.balconenforet.fr/

L'oeuvre de Gracq : http://www.jose-corti.fr/titresfrancais/un-balcon-en-foret.html

http://www.crdp-montpellier.fr/ressources/frdtse/frdtse33b.html

http://www.maulpoix.net/GracqFusco.html

http://www.lunion.presse.fr/article/a-la-une/cest-lete-balade-litteraire-les-hauts-buttes-vus-par-julien-gracq

Marguerite Fontaine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Marguerite_Fontaine